Balado Artéfactualité : Nav Bhatia, superpartisan des Raptors de Toronto

Steve McCullough

Nav Bhatia est entré dans l’histoire en devenant le premier amateur de basketball à être intronisé au Temple de la renommée de la National Basketball Association (NBA). Il est largement connu comme le « superpartisan » des Raptors de Toronto. Sa Superfan Foundation aide à apporter le basketball aux communautés défavorisées à travers le Canada.

La base partisane fait partie intégrante de l’histoire et de l’expérience du sport. Récemment, le Musée a fait l’acquisition d’une figurine à tête branlante de Nav pour aider à raconter l’histoire du basketball, un sport canadien parfois négligé, et pour illustrer le dynamisme et la diversité des adeptes de sport et de la culture sportive.

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Un homme à la peau foncée et à la barbe noire porte un turban blanc et un gilet de sport blanc portant l’inscription « Raptors 95 », tout en levant deux pouces et en souriant à l’appareil photo. À l’arrière-plan, on aperçoit un grand stade rempli de gens.

Nav Bhatia, superpartisan des Raptors de Toronto, avant le premier match des finales de la NBA entre les Raptors et les Golden State Warriors à Toronto, le jeudi 30 mai 2019. La Presse canadienne.

Arriver au Canada et en venir au basketball

Nav n’a pas toujours été un amateur de sport. Ses premières années au Canada en tant que nouvel immigrant ont été consacrées au travail acharné. Il se souvient : « Je suis arrivé en 1984, et de 1984 à 1993, les huit ou neuf premières années, je ne voulais pas faire de sport. Je n’avais pas de passetemps, parce que j’essayais de m’installer. Vous savez, quand nous, les personnes immigrantes, arrivons, nous voulons avant tout nous installer et avoir un toit sur notre tête. Nous voulons cela, tout le monde. »

Dix ans plus tard, il était plus à l’aise, mais il s’est rendu compte qu’il n’avait pas de passetemps : « Je suis un homme ennuyeux. J’ai trois choses dans ma vie : je travaille, je travaille et je travaille encore plus. » Il a donc décidé de s’intéresser au basketball. Les Raptors venaient d’arriver à Toronto et il a acheté un abonnement, en se disant qu’au pire il ne le renouvèlerait pas. Au final, cela a été un don du ciel : « Seigneur, je suis bel et bien tombé amoureux dès le premier jour du match. Depuis lors, je n’ai jamais manqué un match. »

Pendant les 25 années qui ont suivi – jusqu’à ce que la pandémie de COVID-19 bouleverse le sport professionnel –, Nav a maintenu un record de présence parfait à domicile. Mais il n’était pas qu’un loyal participant. Son charisme enthousiaste, ses encouragements et son dévouement expressif envers l’équipe locale lui ont attiré de l’attention et des éloges.

En 1998, la direction des Raptors l’a surnommé « superpartisan » et lui a offert un gilet spécial. En 2021, Nav a été intronisé au Temple de la renommée de la NBA.

Une figurine en plastique d’un homme à la peau foncée et à la barbe noire portant un turban rouge, une chemise rouge sur laquelle on peut lire l’inscription « Superfan 95 » et une cape noire, et tenant un ballon de basket rouge et blanc.

Les figurines de sport représentent généralement des athlètes. La figurine à tête branlante de Nav Bhatia montre que la base partisane constitue aussi une partie importante de la culture et de l’histoire du sport. Musée canadien de l’histoire, 2019.143.1.1.

Culture des adeptes et du sport

Le sport représente un aspect important de l’histoire et de la culture canadiennes, et les adeptes constituent un élément important du sport. Comme le dit Sarah Barnes, conservatrice du Musée, « nous sommes très enthousiastes à l’idée de penser au sport non seulement en termes d’athlètes et de vedettes du sport, mais aussi en termes de personnes qui les soutiennent. Nav est un héros sportif d’un autre genre. »

Il est tentant de penser au sport en termes de victoires et de défaites qui figurent dans le livre des records. Cependant, le sport occupe une place importante dans la vie de millions d’adeptes. Et la définition de ces adeptes évolue constamment, tout comme d’autres aspects de la culture canadienne. Barnes déclare : « Nous essayons notamment de raconter des histoires plus intéressantes et plus complètes sur le sport. Cela signifie donc qu’il faut se tourner vers les personnes qui suivent les sports et remettre en question les attentes concernant les adeptes de sport et les gens qui peuvent réellement trouver un sentiment d’appartenance dans le sport. »

Racisme et représentation

Nav est arrivé au Canada en 1984, fuyant une recrudescence des persécutions contre les sikhs en Inde. Il a trouvé une certaine sécurité au Canada, mais a néanmoins été victime d’un racisme considérable fondé sur la couleur de sa peau et sur sa culture, plus précisément son turban. Il se souvient : « Lorsque j’ai commencé à travailler en 1984 comme vendeur de voitures, neuf ou dix de mes collègues des ventes avaient la peau blanche. Quand j’ai commencé à ce poste, on a commencé à me traiter de tous les noms. “Il porte une couche.” Ou encore, “Tu es un homme au tapis volant”, etc. »

Lorsqu’il a découvert les Raptors, qu’il aime tant, il se souvient : « Je n’étais que l’une des rares personnes de la communauté indienne ou pakistanaise à aller voir le match. » Mais les choses ont changé : « Aujourd’hui, si vous assistez à un match de basketball à Toronto, vous verrez au moins, je dirais, un millier de personnes de notre collectivité. »

Et la NBA reconnait l’importance d’une base partisane diversifiée. Il s’agit notamment de célébrer les différentes cultures lors des divertissements de la mi-temps. Nav se souvient : « J’ai été le premier à faire un spectacle pendant la mi-temps, pour illustrer et montrer notre culture. Aujourd’hui, les 29 autres équipes organisent une soirée culturelle similaire : soirée indienne, soirée sud-asiatique, soirée punjabie. Tout le monde le fait. »

Nav affirme que la société canadienne est devenue plus tolérante qu’elle ne l’était dans les années 1980. « Je pense que le racisme est moins présent aujourd’hui. Il nous reste cependant du travail à faire et nous devrions le poursuivre pour faire de ce pays un endroit meilleur qu’il ne l’est aujourd’hui. » Il pense que la gentillesse et le travail d’équipe restent les meilleurs moyens d’unir les gens : « Vous savez, dit-il, une bonne personne d’équipe, c’est celle qui laisse l’endroit meilleur qu’il ne l’était. C’est ce que j’essaie de faire. Et je demande à tout le monde de le faire. »

Une grande foule de personnes rassemblées à l’extérieur, la nuit, au milieu de grands bâtiments, applaudit et lève les mains en l’air.

Être adepte de sport est une expérience émotionnelle et communautaire. La foule partisane réagit alors que les Raptors de Toronto remportent le championnat de la NBA le jeudi 13 juin 2019. La Presse canadienne.

Culture partisane et plaisir

Nav n’est pas seulement une icône de l’inclusion et de la diversité. Il est également une icône joyeuse et émotive qui incarne l’amour d’une équipe sportive. Barnes déclare : « Il est très passionné. C’est un amateur enthousiaste. Il vit les hauts et les bas du sport, car, ce qui attire les gens dans le sport, ce sont les drames, les histoires, l’excitation. Je pense qu’il exprime probablement ce que beaucoup de gens ressentent dans les gradins. »

La figurine à tête branlante de la collection du Musée canadien de l’histoire illustre bien ce sens de l’amusement et du jeu. Il témoigne également du fait qu’un immigrant sikh qui a régulièrement subi des commentaires racistes dans les années 1980 est aujourd’hui célèbre en tant qu’ambassadeur de l’inclusivité, de la joie et du pouvoir de renforcement communautaire qu’offre le sport.

Écoutez l’épisode d’Artéfactualité à propos de Nav pour en savoir plus sur sa vie, son amour pour le renforcement communautaire et l’importance des sports pour raconter l’histoire du Canada. Téléchargez et abonnez-vous à Artéfactualité sur la plateforme de baladodiffusion de votre choix – Apple, ou Spotify – ou écoutez la série sur YouTube.


Steve McCullough

Steve McCullough

SteveMcCullough, Ph. D., est le stratège de contenu numérique pour le Musée canadien de l’histoire et le Musée canadien de la guerre. Son travail dans le domaine de la création de récits numériques repose sur la compassion et des actions fondées sur des preuves pour parler de lhistoire, de la notion de sens et de lidentité dans un environnement en ligne fragmenté et polarisé, mais aussi dynamique et étroitement lié.