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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/834

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vement adopté se trouvent la section de Modane, ou plutôt de Fourneau à Suse, et le passage du mont Cenis. Or on a résolu de percer à la base des Alpes un souterrain de 12 kilomètres, pour mettre en rapport les deux vallées de Modane et de Bardonnèche et substituer les moyens ordinaires de traction et un parcours de quelques minutes au mode précédemment adopté du passage supérieur dit tram-way du mont Cenis. Une telle entreprise, sans précédens, et dont la dépense devait notablement excéder celle du projet primitif, ne pouvait être laissée à la charge seule de la compagnie. Le gouvernement sarde n’a pas hésité à en assumer la responsabilité; il a pris à son compte l’exécution du chemin de fer de Fourneau à Suse sur une longueur de 50 kilomètres, y compris la percée des Alpes. Le travail exigera sept ou huit ans, et la compagnie du Victor-Emmanuel intervient pour une somme de 20 millions à 4 1/2 pour 100 d’intérêts payés par l’état dans cette dépense, qui s’élèvera à plus de 40 millions. On vient tout récemment d’inaugurer avec une grande solennité le commencement de ce gigantesque travail. Les premiers essais ont pleinement réussi, et tout fait espérer le succès définitif d’une invention brillante qui intéresse le monde industriel tout entier. La résolution généreuse prise en cette circonstance par le gouvernement du roi de Sardaigne et le pouvoir législatif est une nouvelle et éclatante preuve de l’esprit éclairé et des sentimens libéraux qui leur ont valu d’universelles sympathies. En attendant que le passage souterrain des Alpes soit achevé, la compagnie du Victor-Emmanuel assurera le service des voyageurs et des marchandises de Saint-Jean de Maurienne à Suse, et les relations internationales, qu’elle a pour but d’assurer, auront peu à souffrir de cette temporaire lacune.

Il reste enfin, pour compléter cet examen des chemins de fer piémontais, à mentionner la ligne dite d’Italie qui doit joindre les chemins de France et de Suisse aux chemins piémontais et italiens par la vallée du Rhône et le Simplon, et qui a été concédée à une compagnie presque exclusivement française. Ce réseau, de 400 kilomètres, se raccorde, — à son point de départ, — au chemin de fer français de Lyon à Genève, — à son point d’arrivée, au chemin piémontais d’Alexandrie au Lac-Majeur. Il dessert la rive piémontaise du lac de Genève, le Chablais, qui est à la Savoie, les cantons du Haut et Bas-Valais, qui sont à la Suisse, et pénètre, par la vallée du Rhône et le Simplon, à Domo-d’Ossola en Italie, où il suit les bords du Lac-Majeur avec un embranchement particulier sur Locarno.

L’établissement de ces dernières lignes, sur lesquelles les travaux sont poussés activement, permet de regarder comme complet le sys-