La Barrique d'amontillado

nouvelle d'Edgar Allan Poe

La Barrique d'amontillado (The Cask of Amontillado) est une nouvelle d'Edgar Allan Poe publiée pour la première fois en dans la revue Godey's Lady's Book. L'histoire se déroule dans une ville italienne et à une époque indéterminée (probablement au XVIIIe siècle) et a pour sujet la vengeance mortelle d'un homme envers l'un de ses amis l'ayant insulté. Comme pour Le Chat noir et Le Cœur révélateur, l'histoire nous est contée du point de vue du meurtrier. Elle fait partie du recueil Nouvelles histoires extraordinaires dans sa traduction en français.

La Barrique d'amontillado
Image illustrative de l’article La Barrique d'amontillado
Illustration de Harry Clarke en 1919.
Publication
Auteur Edgar Allan Poe
Titre d'origine
The Cask of Amontillado
Langue Anglais américain
Parution , Godey's Lady's Book
Recueil
Traduction française
Traduction Charles Baudelaire
Parution
française
1857
Intrigue
Genre Horreur

Résumé

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Montresor raconte l'histoire de la nuit où il a tiré vengeance d'une insulte proférée à son égard par Fortunato, un noble de sa connaissance. Rencontrant Fortunato lors du Carnaval alors que l'homme est ivre et porte un bonnet de bouffon, Montresor l'attire dans un piège en prétendant avoir reçu une barrique d'amontillado et demandant son opinion d'expert pour s'assurer de son origine.

La devise de la famille Montresor est : nemo me impune lacessit.

Ensemble, ils vont dans les vastes caves du palais de Montresor et arrivent enfin dans une niche où Montresor enchaîne promptement Fortunato. Il sort alors des outils de maçon et commence à emmurer Fortunato à l'intérieur. Aussitôt dégrisé, ce dernier essaie en vain de se libérer de ses chaînes, au grand plaisir de Montresor. Fortunato crie ensuite à l'aide mais Montresor sait parfaitement que personne ne l'entendra. Alors que Montresor est sur le point de finir le mur, Fortunato prétend que c'était une bonne plaisanterie avant d'implorer « Pour l'amour de Dieu, Montresor ! », ce à quoi son meurtrier répond « Oui, pour l'amour de Dieu » avant de laisser tomber sa torche dans la mince ouverture restante.

Montresor conclut en disant que depuis 50 ans personne n'a dérangé le travail qu'il avait effectué cette nuit-là et termine par ces mots : « In pace requiescat ».

Analyse

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Barils d'amontillado dans une cave.

Le sujet de la nouvelle est un meurtre, par emmurement, qui est présenté du point de vue du criminel. Le mystère réside dans le motif du meurtre car Montresor, le narrateur, n'explique jamais les raisons de son acte, hormis de vagues références à des insultes dont sa victime, Fortunato, l'aurait abreuvé à plusieurs reprises. En raison de ces motifs assez flous, plusieurs analystes de l'œuvre ont conclu que Montresor devait être fou, malgré le plan complexe qu'il utilise[1]. Une autre explication est que Montresor, qui vient d'une famille autrefois très respectée mais dont le statut a décliné, aurait voulu punir Fortunato de sa bonne fortune, indiquée par son nom même, et de l'avoir surpassé socialement malgré son manque de raffinement[2].

Les noms de Montresor et de Fortunato renvoient tous deux à la richesse et le cours inverse de leurs fortunes suggère une identification psychologique réciproque entre la victime et son assassin. Montresor reproche d'ailleurs à Fortunato d'être aimé, respecté et heureux comme il le fut lui-même jadis, et il emmure sa victime dans les catacombes familiales[3]. Le blason des Montresor, un pied écrasant un serpent qui mord le talon de ce même pied, pourrait représenter, et lier, les deux personnages de façon allégorique, Fortunato ayant écrasé Montresor par inadvertance et celui-ci se vengeant en le mordant[4].

Cecil L. Moffitt prétend que Fortunato, présenté comme un connaisseur en vins, n'en est en fait pas un. Fortunato dit en effet d'un personnage qu'il est « incapable de distinguer l'amontillado du xérès », alors que l'amontillado est une variété de Xérès, et boit d'un seul trait un verre de Graves, ce que ne ferait pas un véritable connaisseur. Moffitt suggère que Fortunato n'est qu'un simple alcoolique et qu'un œnophile pourrait penser qu'il a mérité son sort pour sa méconnaissance flagrante des bons vins[5].

Inspiration

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La principale source d'inspiration de la nouvelle d'Edgar Allan Poe est une histoire écrite par Joel Headley en 1844, A Man Built in a Wall, qui présente plusieurs similitudes avec la Barrique d'amontillado dans les circonstances du meurtre[6]. Mais la nouvelle est avant tout une réponse à son rival littéraire, Thomas Dunn English, qui avait publié un roman à l'intrigue compliquée, 1844 or The Power of the S.F., qui faisait référence à des sociétés secrètes et dont le thème principal était la vengeance. Dans ce roman apparaissait un personnage, Marmaduke Hammerhead, dépeint comme un alcoolique, un menteur et un mari violent, auteur de The Black Crow, référence au poème de Poe Le Corbeau[7].

La réponse de Poe à ce personnage parodique fut donc la Barrique d'amontillado, dans laquelle le personnage de Fortunato fait référence à la société secrète des Francs-maçons, présente dans le roman d'English, et utilise un signe de reconnaissance décrit dans 1844. Le blason de famille des Montresor, un pied écrasant un serpent mordant un talon, rappelle également une scène du roman décrivant un jeton où est représenté un faucon saisissant un serpent dans ses griffes. Et enfin, l'action de la nouvelle de Poe se situe dans un caveau souterrain, tout comme une scène du roman d'English. Poe se venge donc d'English en opposant sa nouvelle, percutante et concise, au roman compliqué de son rival, illustrant ainsi sa théorie, présentée dans son essai The Philosophy of Composition, sur la supériorité de la nouvelle sur le roman[8].

Poe peut également avoir été inspiré par une ligue de tempérance, la Washingtonian Temperance Society, dont il voulait gagner les faveurs, en écrivant un conte sur les dangers de l'alcoolisme[9]. L'universitaire Richard Benton, spécialiste de Poe, pense quant à lui que le personnage de Montresor est inspiré de Claude de Bourdeille, comte de Montrésor, un aristocrate français du XVIIe siècle connu pour ses intrigues[10].

Adaptations

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Références

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  1. (en) Elena V. Baraban, « The Motive for Murder in 'The Cask of Amontillado' by Edgar Allan Poe », Rocky Mountain E-Review of Language and Literature, (consulté le )
  2. (en) Graham St. John Stott, « Poe's 'The Cask of Amontillado' », Explicator, no 62,‎ , p. 85-88
  3. (en) Roger Platizky, « Poe's 'The Cask of Amontillado' », Explicator, no 57,‎ , p. 206
  4. (en) Walter Stepp, « The Ironic Double In Poe's 'The Cask of Amontillado' », Studies in Short Fiction, no 13,‎ , p. 447
  5. (en) Cecil L. Moffitt, « Poe’s Wine List », sur eapoe.org (consulté le )
  6. (en) Thomas Ollive Mabbott, Tales and Sketches : Volume II, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, , p. 1254
  7. (en) Kenneth Silverman, Edgar A. Poe : Mournful and Never-ending Remembrance, New York, Harper Perennial, , 564 p. (ISBN 0-06-092331-8), p. 312–313
  8. (en) Richard D. Rust, « Punish with Impunity: Poe, Thomas Dunn English and The Cask of Amontillado », The Edgar Allan Poe Review, St. Joseph's University, vol. II, no 2,‎
  9. (en) David F. Reynolds, The American Novel : New Essays on Poe's Major Tales, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-42243-4), « Poe's Art of Transformation: The Cask of Amontillado in Its Cultural Context », p. 96–97
  10. (en) Richard P. Benton, « Poe's 'The Cask of Amontillado': Its Cultural and Historical Backgrounds », Poe Studies, vol. 29,‎ , p. 19–27
  11. (en) Ben Gilbert, « This is one of the most clever references in 'Fallout 4' we've seen so far », sur businessinsider.fr,

Bibliographie

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  • [Kounina-Bogoïavlenskaïa 2021] Maria Kounina-Bogoïavlenskaïa, « Black humor in The Cask of Amontillado of E. A. Poe », dans Natalia Tokareva (dir.), English Humour vs American Humor, université linguistique d'État de Moscou (ISBN 978-5-00120-279-0, DOI 10.52070/978-5-00120-279-0_2021), p. 22-26.

Liens externes

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